St Petersbourg

Le jour du 9 septembre 2007 par Philippe

Du 2 Septembre au 9 Septembre

De bon matin nous nous levons afin de passer la frontière le plus vite possible: les informations que nous avons glanées ici et la nous font craindre le pire d’autant que nous avons doublé hier au soir une file ininterrompue de 15 km de camions, garés sur le bord de la route.

Pour rajouter un peu de piment, nous n’avons pas trouvé de bureau de change pour acheter des roubles et nous n’avons pas trouvé de solution pour extension d’assurance obligatoire nécessaire en Russie, deux conditions qui peuvent nous créer des problèmes avec un douanier trop zélé ou trop avide, tel que les imaginons. En réalité, tout s’est déroulé de manière normale, peu de sourire, de la paperasse inexplicable, beaucoup de tampons et finalement une fonctionnaire charmante parlant anglais et se délectant à répéter à ses collègues « MontRReuil BellaYY ».

Il y a environ 200 Km de la frontière à Saint Petersbourg , la route n’est pas mauvaise mais dès que nous passons la première ville, je me rends compte de la raison pour laquelle nous n’avons pas trouvé d’assurance: la route est prise d’assaut, dans un chaos invraisemblable: camions poussiéreux, voitures antiques crachant des nuages de gaz oil et 4/4 derniers modèles à vitres teintés se côtoient se doublent sur les bandes d’arrêts tout en évitant le must de l’endroit: le promeneur du dimanche qui s’est garé sur la route, au mépris des règles de sécurité les plus élémentaires, pour aller ramasser du bois, des fruits, des champignons ou que sais je.
Vers Midi, nous entrons enfin dans Saint Petersbourg, pas fâchés de trouver des avenues et des feux. Les bords de la Neva nous guident jusqu’à l’avenue de notre destination, un quartier assez délabré. Au moment ou nous commençons à nous trouver perdu, un petit moustachu nous fait signe de nous arrêter, se présente comme le directeur technique de la Maison de la Culture et du Progrès que nous cherchons et nous le suivons jusqu’à un véritable coupe gorge où seule la vieille plaque indiquant l’endroit nous évite de faire demi tour. Après quelques manœuvres car le coupe gorge se termine en goulot, nous nous garons sur la « pelouse » de la propriété, une bâtisse antique qui sert principalement d’école de musique et de studio d’enregistrement.

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Elle est peuplée de gens charmants qui vont passer la semaine à nous rende la vie la plus facile possible.
Grégory, notre « guide », a convoqué Sacha dès notre arrivée pour nous aider à nous installer. Sacha est professeur de Français et d’Anglais dans une école de droit et occasionnellement traductrice pour camping cariste en détresse.
Pendant que Stéphanie et les enfants font connaissance avec elle, je me concentre pour organiser la semaine à venir.

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Dès le lendemain, nous entrons dans une nouvelle période de notre quotidien: c’est la rentrée des classes et nous trouvons nos marques assez rapidement. Nous nous sommes maintenant habitués à la vie dans un espace exigu et les enfants semblent pouvoir se concentrer sans problème. Avec Stéphanie, nous nous répartissons les matières à l’exception bien sur des maths où Stéphanie a toujours refusé l’obstacle de l’univers des nombres négatifs. A mon grand dam, je suis obligé de reconnaître que des raisons similaires sur lesquelles je ne m’étendrais pas m’ont exclu de l’anglais.
Comme nous n’avons pas encore reçu les cours de Tanguy et d’Alice, nous démarrons, afin de ne pas prendre de retard, grâce aux livres de classes. Nous ne réussirons à télécharger les cours que le Samedi dans un café internet.

Les cours du CNED semblent très clairs et rapidement nos collégiens devraient être presque autonomes. Quant au lycéen, il démarre le programme seul et nous sollicite peu. Je me rends compte que pour les maths, il va falloir rapidement que je potasse en cachette si je veux rester au niveau.

L’après midi est consacré à la découverte de Saint Petersbourg et de ses habitants. Certains quartiers où nous nous sommes égarés sont il est vrai dans un état de délabrement avancé et peuplés de fantômes alcoolisés, notamment dans le quartier « Dostoïevski », fantômes qui sont toutefois plus tristes qu’agressifs. D’autres sont marqués par les années soviétiques où certains très beaux bâtiments côtoient d’autres à la mine lugubre. Une mention spéciale est décernée au siège de l’ancien KGB que nous saluons… de loin.

Bien sur nous consacrons la majorité de nos ballades aux beaux quartiers et à tenter de retrouver l’atmosphère très particulière de cette cité unique puisque créée de toute pièce par la seule volonté de son maître: Pierre le Grand. Cela donne des lieux grandioses où les palais rivalisent de dorures et de couleurs avec les églises orthodoxes.


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Là la mention spéciale va bien sûr au palais d’hiver abritant le musée de l’Ermitage, le plus riche musée qu’il nous ai été donné de voir (avec le Louvre bien sûr). Si le catalogue du musée est incroyablement fourni et diversifié, si on est souvent surpris de tomber presque par hasard sur une oeuvre majeure d’un peintre familier ( je pense notamment à la collection de Matisse qui rempli deux salle à elle seule) le plus indéniable vient du contenant. En effet, le musée a été conçu en tant que tel par les Romanov comme une sorte de collection privée, ce qui nous permet de déambuler à la fois dans un musée et dans un palais.


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Un petit mot sur le chef d’oeuvre de Saint Petersbourg: son métro. Une réalisation incroyable, des escalators s’enfonçant dans les entrailles de la terre, des stations décorées, immenses, aérées et propres


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L’ensemble de la ville donne un cocktail saisissant qui font dire à Jean Baptiste cette remarque pertinente: On se croirait dans le film Brazil. Pour ce qui me concerne, je crois qu’il y a du Bilal dans Saint Petersbourg (ou du Saint Petersbourg dans Bilal), et c’est sans doute ce qui me laissera cette impression très forte.

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imgp0509143149-copy.JPGMais Saint Petersbourg ne serait rien sans ses habitants et les quelques rencontres que nous avons faites au hasard de nos pérégrinations. Stéphanie se souviendra sans doute du fonctionnaire confit dans la vodka et la bêtise opposant un Niet vigoureux à chaque tentative pour se faire comprendre. Dans le même ordre de « figures imposées », j’aurai longtemps en mémoire le pas de danse que deux loubards m’ont enseigné afin de tenter de me détrousser à la station Nevskiy Prospect.

Bien sur la plupart des rencontres ont été beaucoup plus agréables. Au hasard des salles du musée ethnographique russe, nous avons croisé Irma, qui entendant une famille française est venue nous chanter des comptines qu’elle avait apprises dans son enfance.

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Irma est née dans une famille noble, en Pologne à la frontière avec la Lithuanie et la Biélorussie. A l’age de trois ans, elle fut déportée par les soviétiques et a vécue son enfance dans un orphelinat de Saint Petersbourg. Malgré ce départ douloureux elle eu une vie très riche, championne de gymnastique, ingénieur électronique, elle voyagea beaucoup avec son mari, diplomate, et vécu longtemps à Vienne dont elle garde un souvenir ému. Irma a aujourd’hui 76 ans et travaille comme gardienne de salle au musée. Nous avons croisé beaucoup de personnes de sa génération travaillant dans les musées, parfois dans la rue comme « homme sandwich ». Après quelques conseils donnés aux enfants sur la façon de mener leur vie où il ne faut pas oublier le rire et l’amour, nous sommes tous très émus de nous séparer.

Le dernier soir, nous avons reçu nos premiers invités : Sacha, la prof de français et son mari Vladimir. Confronter nos points de vue avec des russes de notre génération a été une expérience enrichissante : finalement nous convenons que si beaucoup de choses nous séparent dans notre vie passée et présente, nous avons beaucoup en commun, rions des mêmes choses et étant choqué par les mêmes événements. Nous espérons les rencontrer à nouveau, peut être en France. A ce sujet, Sacha recherche activement à nouer des contacts afin de développer des échanges universitaires entre son école et une école française.

imgp0231143136-copy.JPGAprès huit jours passés dans cette merveilleuse ville, nous devons prendre la route à nouveau, notre visa expirant.
La route vers l’Estonie quoique déserte est nettement plus détériorée. A quelques kilomètres de la frontière, un militaire à l’allure incertaine nous force à acheter un ticket à la station service voisine. Nous ne saurons jamais son utilisation. Malgré cette anecdote, nous passons la frontière sans aucune difficulté, les douaniers parlant tous anglais et rivalisant de sympathie. L’officier courant vers moi et s’excusant d’avoir mal tamponné mon passeport sera notre dernière image d’une Russie décidément bien surprenante

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