Entre Rimitea et Bucarest

Le jour du 31 décembre 2007 par Philippe

Après un réveil tardif et un passage au gîte pour saluer tout le monde, nous reprenons la route et connaissons sans doute le spleen du nomade car ces deux jours ont été pour nous tous un enchantement. Nous avons le sentiment de mieux connaître le pays et surtout de s’être fait de nouveaux amis. Mais nous devons reprendre le cours de notre voyage, d’autant que nous devons être à Bucarest le 29 pour retrouver nos deux amis roumains : Manu et Bilibeu.
Nous couchons à Alba Iulia, rattrapés par la nuit, où nous trouvons tout à fait par hasard, à la grande joie des petits, des grands et surtout des moyens, une connexion internet de fort belle facture.

La région de Sibiu, que nous parcourons et qui se situe au sud de l’arc carpatique, nous permet de passer dans des villages très bien préservés, aux maisons colorés et aux petites églises charmants. La campagne n’est pas en reste avec ses troupeaux de moutons guidés bien sûr par les bergers et leurs magnifiques houpelandes.


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Un berger dans un magnifique manteau en laine avec son troupeau

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Un troupe de on ne sait
pas trop quoi, rencontrée
dans un village du coin…
La ville de Sibiu, capitale culturelle européenne pour encore quelques jours, est un lieu magnifique avec ses remparts remarquablement préservés. Nous trouvons refuge dans une petite ville à quelques kilomètres de Sibiu et passons une nuit calme malgré les quelques tramways qui viennent faire demi tour devant le CC (nous nous sommes garés par inadvertance devant une tête de station).

Au matin, nous trouvons enfin une solution pour notre linge, au moins en partie, dans une immense galerie commerciale. Nous avons la surprise e trouver dans un petit kiosque énormément de titres de presse française : Libé et le Figaro, mais aussi Science et Vie, beaucoup de titres pour enfants et même Fluide Glacial ! Persuadé d’être tombé sur un nid d’expats, nous demandons au vendeur et nous avons la surprise d’apprendre que ce sont des roumains qui achètent ces magazines, bien supérieurs en nombres, il faut le noter, à la presse anglo-saxonne.

L’étape suivante nous éloigne encore vers l’est, nous longeons l’arc carpatique jusqu’à Brasov. Les paysages ressemblent à celui de la veille avec sa succession de collines, ses moutons et de temps en temps une petite ville toute faite de tours grises. Christian nous a expliqué que très souvent, les appartements ont été rénové et sont assez confortable et qu’il ne faut pas se fier à l’air, il faut bien le reconnaître lugubre des façades.

La ville de Brasov, à l’ombre des Carpates, est la deuxième du pays avec 350 000 habitants. Nous décidons de passer la nuit près d’une des célèbres églises fortifiées à Harman

La visite de celle-ci, au matin, est très impressionnante, avec son clocher culminant à 64 m de hauteur et ses fortifications en cercle de 12 m. Ces édifices étaient conçus pour protéger les villageois autour ce qui explique les bâtiments annexes destinés à stocker les récoltes et à les recueillir en cas de siège. Mais elle est surtout très émouvante car elle est toujours utilisée comme lieu de culte. Etonné par l’état de conservation remarquable de l’ensemble, je questionne le gardien qui m’explique que ce sont des congrégations bavaroises qui ont financé la restauration, car la population du village est en partie de langue allemande et ce depuis le XV siècle. Le guide donc bien sûr s’exprime en allemand et, une nouvelle fois, je dois faire le constat que l’anglais, tout au moins pour ce qui concerne l’Europe centrale, est encore loin de la langue internationale que nous imaginons, et que la très forte présence germanique à travers les siècles laisse partout un souvenir vivace, et ce malgré les cinquante ans d’expérience soviétique. Bien entendu, les nouvelles générations, particulièrement en Roumanie d’ailleurs, ont tous des bases en anglais voire en français et parait peu soucieuse d’entretenir les bases de russe appris à l’école.


Note de JB : J’ai adoré cette forteresse, vous allez donc avoir un certain nombre de photos :

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À l’origine

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Voilà :-)

L’après midi, nous traversons les Carpates, ce qui semblait la principale difficulté du voyage compte tenu de la période. L’ascension se déroule sans aucune difficulté, le panorama est magnifique, la route, sans être parfaite, est digne de beaucoup de routes de montagnes des Pyrénées, et la neige nous épargne, pour le moment.
Au col, quelques stations de ski nous font des clins d’œil mais tout à notre objectif quotidien, nous ne arrêtons pas, malgré les pentes toutes proches et les quelques skieurs qui godillent. Bien nous en prend car dès la descente, nous croisons les Bucarestois tentant de les rejoindre pour le WE : une queue de plus de trente kilomètres de voitures à l’arrêt. Nous les abandonnons à leur triste sort pour rejoindre la vallée. Arrêt technique au camping de Bucarest pour passer la nuit et recharger le CC.

imgp3607-17387.JPGNous récupérons à l’aéroport nos deux amis Bill et Manu, qui nous rejoignent pour passer le WE, heureux de les voir et, comme d’habitude, ravis de l’impression de s’être vu le week end dernier à peine. Les avenues de Bucarest sont vides, aussi, il nous faut peu de temps pour rejoindre leur hôtel, qui sera aussi le nôtre pour la nuit du réveillon. Forts de cet élément, nous « négocions » avec la direction de l’hôtel de pouvoir garer le CC sur un de leurs emplacements réservés, ce qui nous permet d’éviter les allées et venues dans le trafic de la ville.

De toutes les villes que nous avons visité, Bucarest est sans doute celle qui me laissera personnellement l’impression la plus saisissante. Tout d’abord, il faut bien dire que même l’hyper centre est dans un état de délabrement avancé, en dehors de quelques immeubles administratifs et des quelques hôtels. Et des immeubles « Ceausescu ». Les rues, heureusement, sont en bon état, en dehors de quelques travaux gigantesques qui en éventrent certaines de bout en bout, ce qui n’émeut pas la population qui y déambule comme si de rien n’était. Partout on observe le chaos des câbles électriques, courants par dizaines de poteaux en poteaux où sont agglutinés des rouleaux laissés sans doute là par quelques électriciens prévoyants où psychotiques.
A Budapest, nous avions été surpris par les échafaudages retenant les balcons des hôtels particuliers. Ici, il n’y a pas d’échafaudage, personne ne les a encore installés.
Une petite église orthodoxe très émouvante est sur notre chemin. Elle est encombrée de poteaux de soutien car la toiture menace. L’office s’y déroule toutefois, les poteaux ont l’air assez anciens.
Après une ballade rafraîchissante, nous décidons d’entrer dans un restaurant à l’allure sympathique. Mais l’état de la façade nous contraint à ne pas y chanter trop fort le Beth Ceu de Pau.


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Les arbres poussent dans le bâtiment !

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Un des bâtiments usagés que nous avons rencontré

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face-au-parlement.jpgMais ce qui surprend le plus est bien le Centre Civique, datant des années 80, bati par Ceausescu sur les supposées ruines du centre historique : Une artère immense, le boulevard Unirii, plus large que les Champs Elysées (c’était voulu) et se terminant par l’ancien palais de Ceausescu, aujourd’hui le Parlement, symbole de la mégalomanie de son créateur, et plus grand bâtiment du monde après le Pentagone. On est vraiment soufflé par la façade, mais le bâtiment est encore plus profond que large, bref, un tel gigantisme ne peut se mesurer qu’à l’aune de la pauvreté des quartiers qui le jouxtent, à peine cachés par les façades somptueuses de l’avenue, comme on planque vite fait des miettes sous le tapis. Quant aux façades, il faut leur reconnaître au moins une originalité qui rompt avec ce qui se faisait ailleurs dans le monde à la même période.

L’avenue se prolonge par la place Unitarii, qui est comment dire ? Je vais être obligé d’utiliser des références paloises, veuillez m’excuser, mais bon. C’est un peu comme quatre énormes palais des Pyrénées posés autour de la place et non au milieu. Vous voyez ? Non ? Désolé, je ne peux pas mieux décrire. Si ce n’est pour rajouter que les immeubles sont tous coiffés voire certains drapés par les habituelles tenues de carnaval de l’ultra capitalisme décomplexé. On se demande si Ronnie Mac Donald n’est pas en train de mettre une touche finale à l’œuvre architecturale de Ceausecu.

Au nord de la ville, promenade dans le quartier chic aux magnifiques propriétés (dont beaucoup d’ambassades) gardés par des vigiles maussades. Je vous laisse deviner devant quelle ambassade ils sont les plus nombreux et les plus maussades. Notre but : le musée en plein air de Bucarest, où nous pouvons avoir un aperçu d’un habitat roumain plus traditionnel qu’indiqué ci-dessus. Tanguy et Alice profitent de la température pour réaliser un fantasme : glisser sur le lac gelé. Je meurs d’envie de les y rejoindre, mais la prudence alliée à la délicieuse charcuterie roumaine m’en empêche. C’est à moitié congelés que nous nous engouffrons dans le métro du retour. Le métro de Bucarest est d’ailleurs, comme à Saint Petersbourg, dans un état irréprochable, à part les escaliers roulants qui doivent être sans doute entretenus par les électriciens déjà mentionnés plus haut.


Les photos du musée en plein air :

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Qu’est-ce que c’est ? On ne sait pas…

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Le rêve de Bilibéou…

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Le général de Gaule

Le 31, après avoir été parquer prudemment le CC au camping, nous investissons l’hôtel à midi neuf. Au programme : Bains, MSN, Tomb Raider et Sauna en fin d’après midi. Suivi d’un petit restau que Stéphanie a repéré dans son guide. Et puis hop, soirée pour les courageux devant le Parlement. Parfois, le programme est légèrement modifié. Ce fut le cas. Tout d’abord par l’énergie de Manu et Bill qui nous embarquent dans la visite de la cathédrale orthodoxe, magnifique. Puis par la direction de l’hôtel qui profite de notre absence pour fermer le sauna, les coyotes( nous nous sommes vengés sur le champagne du room service). Enfin par notre naïveté qui nous faisait croire qu’un soir pareil on dînerait sans difficulté où on le souhaiterait. Après une recherche de restaus infructueuse, nous finissons par regretter le délicieux foie gras de Marie France, (Maman de Bill que j’en profite pour saluer, Marie France si vous estimez que notre forum est digne de votre recette…) qui est resté dans le CC, puis après avoir supplié le patron du Pizza Hut de rouvrir rien que pour nous, nous trouvons refuge miraculeusement dans une petite pizzeria qui nous fait les meilleures pâtes de réveillon que je n’ai jamais mangées. Et le vin, roumain, toujours parfait.

Tanguy et Alice qui ont abandonné Lara Croft dans une situation extrêmement délicate, sont laissés à l’hôtel en compagnie de Jean Baptiste et de la moitié de la planète qui tchatte avec lui pendant que nous rejoignons la « boum » du Parlement. Le spectacle son et lumière y est grandiose, le président de Roumanie est en guest star, fait un discours où il est question à de nombreuses reprises du projet européen avec un enthousiasme qu’on a du mal à imaginer en France. Mais nous n’avons pas compris grand-chose, peut être vilipendait il telle ou telle contrainte imposée par la commission comme chez nous. Dans ce cas, on peut simplement dire qu’il a la critique enthousiaste. Il finit par assurer lui-même le décompte. Youpi, on est en 2008.

Le président fait un petit tour dans la foule déjà bien imbibée mais bon enfant, nous ne nous éternisons pas trop, le froid se fait sentir.

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