Après Bucarest

Le jour du 5 janvier 2008 par Philippe

Après un petit déjeuner copieux au restaurant de l’hôtel, nous quittons nos deux compères et repartons chercher le CC. Partagé entre le souhait de visiter le Parlement le lendemain et la peur d’être repris dans les embouteillages causés par tous les Bucarestois qui rentrent, nous décidons de quitter la ville et mettons le cap à l’est, direction Tulcea et le delta du Danube.

La région à l’est de Bucarest est très morne et c’est un soulagement de retrouver des petits villages nichés dans les collines bordant le fleuve. Malheureusement, la plupart de ces villages nous sont inaccessibles car les rues sont en terre, en boue devrai je dire car le temps s’est radouci. Nous trouvons malgré tout un petit coin sympa pour passer la nuit pendant que les villageois prolongent la fête du réveillon, le 2 étant aussi chômé chez eux.

Nous arrivons à Tulcéa alors que le blizzard fait son apparition et que la ville, encore en ensommeillée des agapes du réveillon, a l’allure d’une cité fantôme. Le musée sur le delta n’est pas ouvert, les excursions en bateau non plus, ce qui nous ravi car la température a dégringolé ( -9° dans la journée et beaucoup moins la nuit) et qu’il est impossible aux gulf streamien que nous sommes de nous imaginer dehors. Nous décidons de parcourir la route sud du Delta, où nous croisons plusieurs villages de pécheurs battus par le vent qui rabat la neige en de gros amoncellements. Le vent tourne en tempête et nous passons une nuit à ne plus trop savoir sur quel océan nous naviguons. Il faut préciser que le CC n’est pas forcément prévu pour ces températures et que notre confort diminue. Les eaux usées sont prises dans la glace, je n’aurai pas d’autre solution que de percer le bouchon du réservoir pour évacuer la partie liquide. Le bouchon se reforme presque immédiatement aussi l’évacuation prend un certain temps. Les conduites d’eau elles aussi sont gelées, ainsi que les joints de la porte, les serrures du sas que je dois démonter, chauffer à l’intérieur et remonter pour pouvoir le fermer. Plus personne ne s’esclaffe en découvrant un nouveau point de glace au matin. D’ailleurs, la température est si basse que nous décidons de chauffer en continu. Heureusement, celui-ci, modèle utilisant le gaz oil du véhicule, fonctionne à merveille (je touche du bois en écrivant ceci), il est à l’origine de notre choix de modèle de CC et c’est vraiment l’unique moyen fiable pour s’aventurer dans des régions isolées par des températures pareilles, car du gaz oil, on en trouve, pour le moment, partout.


Quelques photos, certaines assez ‘Le Jour d’Après’ dans le ∆ du Danube

sany0155-173837.JPG

sany0159-173838.JPG

sany0162-173838.JPG

sany0172-173839.JPG

sany0189-173841.JPG

sany0195-173842.JPG
Observez le souk dans cette ville quand il tombe de la neige

sany0200-173843.JPG

N’ayant pas eu l’occasion, bien sûr, d’observer in situ la faune du delta, je cède la plume à Tanguy, notre reporter du Museul Deltei Dunarii :

Nous rentrons dans un vieux bâtiment, où la chaleur insupportable nous surprend : il doit faire 3 degrés environ. Nous commençons par une longue suite de pièces où sont alignés des animaux empaillés nous lorgnant avec un regard sadique. Nous traversons les pièces, observant la magnifique collection d’animaux du delta : loup, sanglier, chien viverrin, pélican, aigle, etc, etc.
Nous descendons dans l’aquarium et – entre autre – assistons à l’extraordinaire stratégie des écrevisses qui se livrent à des batailles rangées. Deux écrevisses voulaient prendre le morceau de viande que la troisième avait mais malheureusement l’une après l’autre ce qui fait qu’elles devaient capituler systématiquement. Je leur ai conseillé de lire les guerres Napoléoniennes. Dans l’aquarium aux brochets, quelques petits poissons sont misérablement bloqués dans un coin tandis que les brochets attendent qu’ils passent sous leurs dents. Nous sortons et rejoignons Papa dans le CC.

Comme des oiseaux migrateurs retardataires, le front du froid nous pousse plein sud. La route reste dégagée jusqu’à Constanta où nous passons la nuit, grande première, sur le parking de l’hypermarché Carrefour, quel exotisme, à entendre des chants de Noël des hauts parleurs jusqu’à la nausée. Le lendemain, nous nous félicitons d’avoir choisi l’option carrefour : la ville est prise par la neige et c’est un chaos indescriptible qui nous attend. Nous avions l’intention de partir à la recherche d’une connexion internet : tant pis, ce n’est que partie remise.

Toujours plus au sud, la route devient dantesque, je deviens un pro de la pose et dépose des chaînes. D’autre part, la route principale devient notre seul horizon et les stations service notre seul refuge. Après avoir un peu rempli le réservoir d’eau dans l’une d’entre elle, nous dormons dans un coin de la suivante (nouvelle grande première) après avoir tout de même vérifié qu’elle ne disposait pas de hauts parleurs.

Malheureusement pour nous, nous ne pourrons voir la Mer Noire que de loin car la route des étoiles est coupée (les stations balnéaires portent les doux noms de Saturn, Neptun, Jupiter et Vénus). Nous savons que le front de mer est malheureusement bétonné mais nous aurions aimé montrer les changements qu’avait connu la région depuis que certains aparachicks de notre connaissance y sont venu dorer leur flamboyante jeunesse. Nous en profitons pour les saluer tous, toutes générations confondues, et leur donnont rendez vous à M’Bellay dès notre retour.

sany0204-173844.JPG
À Suivre…

Commentez l'articleRetour