Alföd : la grande plaine

Le jour du 19 décembre 2007 par Philippe

imgp3156-172015.JPGAprès ces petits ennuis techniques, nous reprenons le fil de notre voyage. Notre route passe par Dunaujvaros, cité dont le centre a été créé dans les années cinquante, sorte d’ode au stakhanovisme. Il ressemble étrangement au quartier de la gare de Saumur (quel exotisme !!!) et plus généralement à toutes les villes bombardées par les américains. Toutefois, les sculptures de l’époque évoquant le socialisme triomphant sont heureusement toujours en place et donne une ambiance très particulière à l’endroit, d’autant qu’elles ont été rejointes par des œuvres résolument contemporaines.

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Une statue représentant les constructeurs de la ville

sany0007-172320.JPGNous traversons le Danube plus au sud et nous dirigeons, plein d’allant vers les mystères de la grande plaine hongroise. Malheureusement, la neige se met vite à tomber et va s’ingénier à limiter nos déplacements aux grands axes qui, du fait du trafic relativement dense, restent déneigés. Cela ne nous empêche pas d’admirer le paysage qui par moment se fait très sauvage. La petite ville de Kecskemet possède un centre très agréable et très dynamique, ainsi qu’un musée d’artisanat folklorique devant lequel nous dormons.


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Quelques photos de la ville en question

Le lendemain, après la visite du musée où de magnifiques objets, poteries, manteaux, gourdes, fouets, selles, ainsi que des masques très impressionnants, sont exposés, nous reprenons notre route, soucieux de la neige qui tombe encore. Le problème de l’eau se fait sentir, tant par l’absence de camping ouvert que par le fait que toutes les conduites extérieures sont bloquées par le gel. Un pompiste compatissant nous ouvre sa conduite de secours et je remplis le réservoir, au seau comme je commence à prendre l’habitude.

Nous remontons vers le nord de la plaine, encouragés par la neige qui devient moins dense et traversons plusieurs petites villes, manifestement pas touristiques et où nous suscitons la curiosité.
Au bord d’un croisement entre deux routes de campagne, nous nous faisons arrêter par un rom charmant, qui voulant nous vendre une chevalière pour un problème visiblement urgent, se lance dans un discours où nous nous rendons compte qu’il parle excellemment le français appris à l’école (si je pouvais parler l’anglais voire même l’espagnol comme ça !!!). Nous nous quittons bons amis. A priori, les enfants roms que nous avons croisé en Hongrie sont scolarisés et mêlés aux autres enfants, ce qui était loin d’être le cas en Slovaquie. Nous n’avons pas vus de ghettos roms ce qui ne veut pas dire qu’ils n’existent pas, étant en général éloignés des axes de circulation.
La petite ville de Mezotur a une place principale qui sous cette neige est magnifique. Nous décidons d’y bivouaquer.

sany0037-172323.JPGLe lendemain, changement de décor. A quelques kilomètres de Mézotur, où les routes secondaires sont toutes bloquées et certaines voitures dans le fossé, la neige disparaît totalement. Nous profitons de l’aubaine pour reprendre les chemins de traverse, le long de la Tisza, où se nichent quelques villages engourdis par le froid qui est vif. Notre arrivée à Tiszafured, porte d’entrée du parc national d’Hortobagy qui est notre objectif, est malheureusement précédé par un nouvel ennui mécanique, où plutôt à nouveau électrique : le clignotant gauche a fait main basse sur toutes les commandes, phares, feu de brouillard et nous force à nous arrêter, d’autant qu’un garage Ford est situé en ville et sera ouvert demain, lundi.

Ce lundi donc est promis aux galères, le réveil en fanfare du à l’installation d’un marché sur notre lieu de bivouac en est la mauvaise augure. Nous décidons de nous précipiter au garage. Nous y sommes reçus par une équipe comme on en voit que dans les publicités (et dans le garage Citroen de Saumur probablement) Dès leur arrivée, le mécanicien en chef prend le problème à bras le corps, toute affaire cessante et laisse de coté les véhicules des clients manifestement compatissants. Il repère la panne due à une pièce électronique et nous annonce qu’il est impossible de la changer car ce modèle ne se trouve pas en Hongrie. Nous sommes assez abattus mais l’espoir reprend le dessus car on nous annonce l’arrivée d’un « maester » parlant le français. Est-ce un professeur du collège venu faire la traduction pour nous dire d’aller nous faire voir ? Que nenni. Quelques minutes après, un électricien déboule sur le chantier où chacun est venu observer le problème, patron, commerciaux et secrétaires inclus. Armé d’un canif et d’un petit chalumeau, il shunte la partie défaillante de la pièce et nous rend notre CC. Je ne parlerai pas du tarif qui ne veut rien dire si on le compare au tarif français si ce n’est pour ajouter que personne n’a essayé de profiter de la situation. Tout le monde a été au petit soin, le commercial, parlant anglais, faisant la traduction. L’intervention a pris à peine 1h30 et nous voilà repartis regonflés à nouveau vers l’est.


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Un des multiples puits à balancier qu’on retrouve partout dans la grand plaine

La région d’Hortobagy est tout à fait étonnante. Paysage de plaine, elle semble avoir été figée par le temps, et on ne trouve que de grandes fermes éparses, appelées putzas, et quelques auberges, les csardas, se cachent derrière leurs arcades. Nous nous arrêtons dans l’une d’elle pour déguster un délicieux goulash, sorte de garbure pimentée. A part Tanguy qui bien sûr… mais non pas de pané, incroyable.


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Les ornements d’un énorme poêle qui chauffe toute la pièce où nous mangeons

imgp3210-172016.JPGNotre bonne étoile nous guide vers le camping en face, qui n’ouvre que pour nous, le patron me confie les clefs du tableau électrique car il a peur qu’il saute et nous engage à profiter des bains au fond du camping. Après une ballade jusqu’au Haras de Mata et la plaine à perte de vue, nous retournons nous mettre au chaud. A la nuit tombée, je vais faire un tour aux bains, qui sont très populaires. Un nombre impressionnant d’habitués vont se relayer jusqu’à tard dans la nuit, et tôt le matin pour profiter des bienfaits des bains, soit sur place, soit en emportant des bidons (dans quel but, nous ne sommes sûr de rien. Si quelqu’un a une idée, elle est la bienvenue).

Quelques photos de la ballade jusqu’à Mata


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La grande plaine de Hongrie, bien connue, désert quasi-aride

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Une des fermes du coin

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Comme vous pouvez le constater, il fait vraiment très froid !

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À nouveau un puits à balancier.

Nous reprenons la route, après être retournés, en famille cette fois ci, dans le bassin. L’eau est très chaude, 60° à la source, ce qui permet d’être totalement insensibilisé au froid, autour de -10°, qui sévit. Nous nous dirigeons vers Debrecen, deuxième ville du pays, pour faire quelques emplettes de Noel, foie gras hongrois et Tokaj bien sûr. Le centre ville est entièrement rénové, les bâtiments qui bordent la place principale sont très beaux et il est bien agréable de déambuler parmi les kiosques du marché.

Nous reprenons notre route vers le sud et traversons la région frontalière avec la Roumanie, région qui semble assez pauvre et isolée, avec ses charrettes remplies de bois et ses cyclistes qui roulent quelques soit l’heure et nous obligent à être extrêmement prudents.

Les rencontres que nous avons faits en Hongrie ont toujours été très chaleureuses, nous avons pu compter sur la sympathie immédiate que nous ont manifesté les habitants, à l’exception notable de Budapest. Le parallèle avec la France était évident à faire, désolé pour nos amis parisiens. Nous avons donc mis les quelques mauvaises rencontres sur le compte du stress du citadin. A l’exception de Budapest, l’Anglais est peu parlé au profit de l’Allemand dont beaucoup d’habitant connaissent au moins quelques mots (autant que je puisse en juger, même si mon niveau s’est considérablement amélioré puisque je dois connaître au moins vingt mots différents). Je dois dire que ma théorie de l’anglais langue universelle a un coup dans l’aile et je comprends en tout cas l’intérêt d’avoir une deuxième langue étrangère dans sa besace. Comme le prouve Hege Baby, hongroise que vous croiserez sur le forum et que nous saluons ici, il existe des hongrois parlant parfaitement le Français.
Le pays est très attachant, certains coins nous ont laissé de grands souvenirs, dans toutes les provinces que nous avons traversées, nous avons trouvé une joie de vivre et un dynamisme, un sens de l’accueil qui nous a donné envie de revenir très vite.

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