Entre Vienne et Bratislava

Le 26 novembre 2007 par Philippe

imgp2283-17502.JPGNous commençons à avoir nos habitudes quant à notre approche des villes. En entrant dans le centre de Vienne, il apparaît rapidement qu’il sera impossible de tenter notre coup favori : dormir au pied de l’ambassade de France. Celle-ci est située dans la Innere Stadt qui est pratiquement entièrement piétonnière. Toutefois, nous nous réfugions sur le parking du Kursalon, restaurant huppé où se pressent locaux et touristes japonais décidément omniprésents.

Le Kursalon est situé du Stadtparc peuplé de statues de musiciens et de bancs innombrables qui laissent imaginer qu’aux beaux jours la multitude se presse pour se reposer à l’ombre des tilleuls centenaires.

Le quartier est très beau et s’éclaire peu à peu pendant que nous déambulons parmi les vitrines chics jusqu’à l’église Saint Rupert, plus ancienne église de Vienne, datant de 740.

Puis nous reprenons la Judergasse qui nous ramène vers le secteur le plus agité de la ville avec ses rues piétonnes pleines de magasins de marque que nous retrouvons de ville en ville. Le palais Hofburg ouvre grand ses portes et nous permet d’accéder à ses jardins où s’éclairent au loin les bâtiments publics de la ville.

Au pied de la mairie, nous déambulons parmi les allées d’un immense marché de Noël, puis nous reprenons notre route pour rentrer au CC. Comme nous ne sommes pas sûr d’avoir l’autorisation de coucher sur le parking, nous nous faufilons à l’intérieur et fermons tous les volets avant d’allumer la lumière en chuchotant comme des passagers clandestins de notre propre cargo.

imgp2275-17501.JPG

Le lendemain, après une grasse matinée bien agréable, nous allons visiter le Léopold Muséum, immense bloc à l’architecture contemporaine coincé derrière les palais des Habsbourg et dévolu aux œuvres d’Egon Schiele et des peintres modernes autrichiens, dont quelques trop rares peintures de Klimt.


imgp2285-17503.JPG

imgp2287-17503.JPG

imgp2304-17504.JPG

imgp2313-165910.JPG
imgp2316-17505.JPG

Nous nous enfonçons dans le quartier de l’université. Stéphanie a repéré un café dans son guide et nous nous y engouffrons. L’ambiance y est chaleureuse, avec des affiches originales sur des murs sombres et enfumés. A quelques tables de nous, un groupe d’étudiants fête le mariage de deux d’entre eux. On se croirait dans un certain café de la butte aux cailles à Paris, un certain jour de Février 91.

A la recherche d’une connexion, nous( les garçons) les ( les filles) abandonnons aux portes de ce qui est, il faut bien le dire, le point d’orgue de ce voyage, j’ai nommé les appartements de Sissi.

Je cède donc ma plume à la spécialiste de la famille, Alice.

Pendant que les garçons cherchaient une connexion internet, Maman et moi partons vers le musée Sissi mais avant de rentrer dans le musée, nous faisons une escale au café impérial. Deux chocolats et deux gâteaux plus tard, nous partons acheter les tickets. Mais à peine avoir franchi l’entrée du musée, Maman s’écrie : « Oh zut, j’ai oublié le sac du magasin de musique, tu peux aller le chercher dans le café ? »

Bien sûr j’y vais. Près de notre table, rien. Par contre dans la poubelle, un sac avec une partition imprimée. Je montre du doigt la poubelle à une serveuse et essaye de lui faire comprendre que le sac est le mien. Elle me le donne : ouf !!!

Je rejoins Maman et nous partons voir l’argenterie. Rien d’intéressant, je trouve, mais qu’est ce qu’elle pouvait avoir de belles assiettes, Elisabeth d’Autriche !

Puis nous allons voir Le musée Sissi, avec toute l’histoire de l’impératrice. Sissi était née le jour de Noel. Mariée à son cousin François Joseph, elle ne s’habitue pas au faste de la cour. Elle faisait beaucoup de sport( 8 heure de marche chaque jour), et tenait à être très mince( 1m70 pour 45 Kg).

Le 9 septembre 1898 Sissi fut assassinée par u anarchiste italien. Puis avec Maman, nous visitons les appartements impériaux. Magnifiques…Nous avons adoré ! Maman nous acheté une grande biographie d’Elisabeth que je suis en train de lire.

Le reste de la journée est dévolue à Internet, dans un des cafés branchés de la capitale où chacun vient avec son portable se brancher sur le monde.

Le lendemain, Stéphanie nous laisse au CC pour visiter les musées d’art du Belvédère et se promener dans les jardins par un temps glacial.

imgp2324-17505.JPG

imgp2328-17506.JPG

Après une étape pour apercevoir le château de Schonbrunn, nous quittons cette ville magnifique (Stéphanie insiste pour dire qu’elle a personnellement adoré) pour nous diriger vers la frontière slovaque toute proche.

Le douanier nous laisse entrer d’un air désabusé, nous avons tout de même le sentiment de reprendre l’aventure car, il faut l’avouer, l’Autriche et la Bavière, contrées splendides n’en sont pas moins très proches de la France, et on se croirait souvent chez nous.

Depuis une dizaine de kilomètres, les tours aux allures soviétiques de Bratislava se dressent comme pour nous saluer. Une tempête de neige se jette sur nous. Nous reconnaissons les circonstances où il ne faut pas faire les malins et après avoir erré quelques temps dans les embouteillages du centre, nous trouvons un parking qui nous accueille pour la nuit.

Le centre historique, tout proche, est minuscule, peuplé d’ambassades ce qui lui donne une allure qui nous rappelle Vilnius et Tallin. Sur la place principale nous trouvons un petit marché de Noël extrêmement chaleureux avec musique et odeurs de cuisine locale.

Seconde journée à Bratislava

Le 27 novembre 2007 par Jean-Baptiste

Bon, comme d’habitude, nous subissons les infatigables cours du CNED pendant la matinée. Philippe et Stéphanie en profitent pour se promener.

Stéphanie fait un petit coucou à Bettina qui vit à Bratislava avec sa famille et lui souhaite à l’avance de joyeuses fêtes de noël et de la réussite dans ses projets. Discuter avec elle a été très plaisant car son avis éclairé et vécu sur la Pologne et la Slovaquie était instructif et très intéressant.

Après un délicieux casse croûte au marché de Noël, nous nous mettons à la recherche de quoi laver notre linge. Malheureusement il n’y a apparemment pas de lavomatique ici et nous avons dû chercher l’auberge de jeunesse, solution de secours. Là-bas, une machine seulement…Nous décidons donc que Philippe n’y lavera qu’une partie de nos 30 kilos de linge, sans quoi nous aurions passé 3 jours ici. Pendant ce temps (Philippe a emporté son ordi), nous restons au centre culturel français, comme toujours dans les capitales, extrêmement bien fourni en magazines, DVD et livres. Bien qu’il y ait rarement de magazine sur les Mac, hélas…. Et nous y restons longtemps : Philippe s’est fait doubler par des arrivants à l’auberge de jeunesse et a dû attendre longtemps que la machine à laver soit libre. Il est donc plus de 5 heures quand nous revenons au cc, après avoir rattrapé tout notre retard sur l’actualité française que nous ne pouvons pas suivre.
Ayant un besoin urgent d’eau (on a quitté l’Autriche sans refaire le plein), on quitte Bratislava vers l’intérieur du pays.

Quelques photos :


À Bratislava
À Bratislava
À Bratislava

Encore Bratislava

Le 27 novembre 2007 par Stéphanie

Nous n’avons vu de Bratislava que son tout-petit centre historique, rendu encore plus charmant par les festivités de Noël, le froid…et le vin chaud ! Quelques statues amusantes, le Badaud, homme sortant d’une bouche d’égout au croisement de 2 rues, le Français, habillé comme Napoléon et accoudé à un banc ou encore le Beau nazi, un homme tenant un haut-de-forme représentant un Slovaque d’origine allemande ayant vécu à Bratislava nous surprennent au fil des rues.

imgp2432-17508.JPG

Nous nous offrons pour un prix modique un petit dîner au resto, ce qui nous change de la cuisine du cc, qui est il faut bien le dire un peu répétitive…

En route pour les Tatras

Le 30 novembre 2007 par Philippe

(Du 28 au 30 Novembre)

imgp2480-175031.JPGNous quittons Bratislava dans la soirée, à regret car l’ambiance nous a tous séduits, mais les impératifs matériels qui nous permettent de mener ce voyage dans le luxe et le confort nous poussent à sortir de la ville. Je n’en dirai pas plus sur le sujet mais sachez tout de même que nous sommes à présent de vieux routiers munis d’une solide expérience de la recherche de points d’eau (mot que nous savons dire dans une dizaine de langues différentes), négociant âprement le moindre seau avec les dames pipi les plus revêches. En réalité, même si le remplissage de la citerne se fait plus difficilement pour des raisons pratiques, le contact avec la population est toujours un enchantement. En Slovaquie, il devient difficile de communiquer surtout avec les gens ayant notre age et plus qui ont bien entendu appris le russe à l’école. Le langage des signes prend donc le dessus. Nous apprenons à expliquer la raison de notre présence à cette période où les touristes se font très rares. Les personnes que nous rencontrons sont toujours enthousiasmes et le manifestent bruyamment, à la Slave.

La plaine à l’est de Bratislava est morne (nous couchons dans une rue d’une petite ville dortoir) et peuplée d’usines et de centrales nucléaires, dont la centrale de Bohunice qui doit être démantelée en 2008 à la demande expresse de l’Union Européenne pour des raisons de sécurité, mais qui pour le moment semble fonctionner à plein régime. Cela va coûter 300 millions d’euros à la Slovaquie de la démanteler et elle va perdre ¼ de sa capacité en énergie. Ce qui tendrait à prouver que dans certains cas, l’UE a un vrai pouvoir et une vrai utilité et que par ailleurs les anciens pays du blocs soviétiques n’adhèrent pas pour être des assistés, mais que leurs motivations sont plus profondes.

Nous nous dirigeons vers les Tatras, partie occidentale de la chaîne des Carpates, et fierté nationale de la Slovaquie. Après une halte dans un petit camping que les propriétaire ne rouvrent qu’à notre seul usage ce qui nous permet de recharger la batterie et d’imprimer les cours des enfants, nous attaquons la montagne après Banka Bistrica. La neige, qui nous avait abandonnée dès les faubourg de Bratislava, refait son apparition avec abondance cette fois. La route ne tarde pas à en être encombrée mais la circulation, dense, permet de garder deux traces sèches. Toutefois, avec nos 3,5 tonnes ( et plus), nous n’en menont pas large. La station en haut du col ne peut nous accueillir faute de parking déneigé, nous devons nous rabattre sur un petit hameau dans la vallée où nous passons la nuit la plus bruyante de notre périple car le manque d’endroit accessible nous oblige à camper le long de la route.

Le lendemain,vendredi, étant la journée la plus studieuse de la semaine, nous décidons le soir d’aller nous relaxer à l’aquapark Tatralandia de Liptovsky Mikulàs. L’infrastructure est l’une des plus complètes de celles que l’on a vu depuis notre départ avec pas moins de 6 bassins d’eau soufrée (dont quatre à l’extérieur avec bassins de nage, détente et jeux pour les enfants), accessibles à cette époque de l’année ainsi que deux piscines classiques, toboggans saunas etc.. A noter que le centre s’équipe d’hôtellerie et restaurants qui sont en construction et qui font ressembler le site à une station lunaire, neige en plus. Une sensation nouvelle: le dos crawlé sous chute de neige, curieux mais très agréable…. quand l’eau est à 38° Pour la même expérience à température ambiante, demander à la famille Sachot, Tampere, Finlande.

Quelques photos :

imgp2474-175011.JPG

imgp2525-175011.JPG
L’emblème de Banca Stiavnica, les salamandres…

imgp2533-175012.JPG

imgp2539-175013.JPG
Petit aperçu de ce qui nous arrive certains matins…

imgp2549-175013.JPG

imgp2566-175014.JPG

imgp2568-175014.JPG
Une petite vue de la région, du château qui surplombait l’endroit où nous dormions

imgp2603-175015.JPG

imgp2612-175015.JPG

imgp2626-172853.JPG

imgp2635-175017.JPG
Petite ville typique des années soviétiques

Les Tatras

Le 1 décembre 2007 par Philippe


imgp2662-175017.JPG

imgp2681-175018.JPG

Samedi, jour de grasse matinée, nous faisons une courte étape à travers la vallée principale des Tatras. La neige nous oblige à renoncer aux routes secondaires et à emprunter la 4 voie. Heureusement, aux abords de Poprad, nous retrouvons une contrée où la neige n’est pas encore tombée. Nous visitons la petite ville de Kezmarok au centre coloré et quittons la route principale pour notre fin d’étape du jour, dans le hameau de montagne de Cingov au cœur du Paradis Slovaque, nom d’un parc national des Tatras qui porte bien son nom.
Depuis le début de la semaine, nous attendons ce soir avec impatience car nous avons décidé de nous payer notre première nuit d’hôtel. Malheureusement, notre enthousiasme (je suis le fautif mais chut) nous fait choisir un hotel sans connexion internet et surtout sans baignoire. L’hôtel, dans un gros chalet, est malgré tout confortable et les patrons charmants.

Randonnée dans le paradis slovaque.

Le 2 décembre 2007 par Tanguy

imgp2692-175019.JPGCe matin, réveil 10 h. Mais je suis tiré de mon lit à 9 h par un farfouillement derrière la porte. Je me lève et vais ouvrir pendant que Alice et JB grognent depuis leur lit. C’est Papa. Il a oublié ses chaussures dans notre chambre et en profite pour nous dire que il ne faut pas oublier de se préparer pour partir en randonnée. On rentre au CC pour manger et nous partons.

imgp2691-175018.JPG imgp2693-175020.JPG

La randonnée suit une rivière et passe par un monastère. La rivière rugit et le chemin est glissant, parfois recouvert de neige. Nous arrivons à une intersection, c’est là que l’aventure commence vraiment, et cela part par un chemin escarpé qui longe un torrent au fond d’un canyon. Puis une route presque à 90 %. Arrivés au sommet de la montagne, on aurait pu croire qu’il y aurait une jolie vue, et bah non ! Les arbres bloquent tout ! Pas vraiment content d’avoir montés toute la montagne pour rien, nous continuons le chemin. Heureusement, les arbres se dégagent et nous voyons un magnifique panorama s’étaler devant nos yeux. Nous arrivons au monastère et déjeunons. Rassurés car le risque de rencontrer des ours a disparu, nous descendons la montagne gelée. Ce qui ne se révèle pas de tout repos car de nombreuses plaques de glace sont sur notre chemin.


imgp2694-173237.JPG

imgp2698-175021.JPG
Nou avons (un peu) triché pour cette photo…

imgp2780-175022.JPG

imgp2788-175023.JPG imgp2789-175023.JPG

imgp2802eazdfaqez.JPG

imgp2816-175025.JPG

imgp2828zqzferz.JPG

imgp2896-175026.JPG

Nous arrivons à la rivière et nous pensons que se sera désormais tranquille, ce qui se révèle complètement faux. Des escaliers de fer, penchés au dessus du précipice qui semble avoir hâte de manger de nouvelles proies. Attachés par la main à une chaîne rouillée et penchés en arrière pour éviter la falaise, nous commençons notre ascension. Tout ce passe bien pour la 1 ère, et nous découvrons une cascade de glace qui descend dans la rivière. Et la je découvre que le seule lien qui me rattache à la vie est pris dans la glace ! J’étend la main et attrape le bout de chaîne qui ressort. Au 4ème escalier, enfer et damnation, je regarde la chaîne pendouiller au prochain piton. Cette fois, il ne s’agit pas d’étendre le bras, il faut parcourir 4m. Cherchant à m’agripper aux cavités de la roche, je fini par les franchir à 4 pattes. Heureusement tout se passe bien pour tout le monde. Papa et son quintal ( et des poussières) tient à signaler qu’un certain nombre de marches ont un de leur deux pitons descellés, ne tenant que par des bouts de chaînes reliés à la marche suivante.


imgp2929-175026.JPG

imgp2939-175028.JPG

imgp2945-175028.JPG

Nous continuons notre randonnée et la nuit tombe sur nous alors que nous ne sommes pas du tout rentrés ! Heureusement pour tout le monde que je suis là, car je sors de ma poche une lampe que j’avais prise avant de partir. Escortés par le faisceau de la lampe, nous ne perdons pas notre chemin et nous rentrons avec toutes nos jambes valides. Nous buvons un coup et rentrons au CC bien fatigués.

Toujours plus à l’est

Le 3 décembre 2007 par Philippe

Le lendemain est une journée cours, courses et route. C’est aussi pour nous l’entrée dans la Slovaquie de l’Est où se mêlent aux slovaques les minorités ruthènes et roms. Nous sommes surpris par la densité de population de cette région où chaque vallée est occupée par une petite ville avec bien sûr les inévitables barres d’immeubles, héritage du passé communiste qui marquera sans doute longtemps ces pays.
Au hasard de notre route, nous croisons les premiers villages en grande partie habités par les roms.
J’aurai du mal à retranscrire le choc que nous avons ressenti en voyant l’état de misère dans lequel vivent ces personnes. Personnellement, je ne pensai pas qu’il existait de tels bidonvilles chez nous en Europe et tout ce que j’avais pu lire sur le sujet ne m’avait pas préparé à ça : masures faites de tôles et de bois au milieu des ordures où jouent des multitudes d’enfants dans le froid et la boue pendant que le long de la route, les adultes tirent des chariots sur lesquels s’entassent des sacs (de charbon ? de nourriture ?). Des images qui pourraient venir d’Inde d’où sont arrivés les roms il y a si longtemps.

sany0022-175029.JPG

De l’autre coté des villages, quelques maisons relativement cossues sont habitées visiblement par des slovaques. Les deux communautés semblent s’ignorer.

Même s’il existe des points de ressemblance entre ce qui se passe ici et en France, la misère de la communauté rom est sans aucune comparaison avec ce que vivent les gitans par exemple. Cela n’est pas seulement du à la pauvreté générale de la Slovaquie où à l’importance de la minorité rom (400 000 personnes ; 7 % de la population) en Slovaquie orientale. Mais contrairement aux pays occidentaux, les régimes communistes ont forcé les roms à se sédentariser en les installant dans des logements de type HLM et en leur imposant un travail comme pour le reste de la population. Les roms, à l’inverse de ce qu’espérait le gouvernement, ne se sont pas intégrés dans la population ont continué à vivre entre eux. Si bien qu’avec l’effondrement du communisme, le travail n’étant plus obligatoire, ces personnes n’ayant aucune formation, étant déscolarisés très tôt et le plus souvent illettrés, le taux de chômage dans la communauté rom atteint aujourd’hui les 70%. Dans certaines régions, il est de 100%. Dans l’expérience communiste, les roms ont donc perdu leur mode de vie et leur savoir faire essentiellement basé sur l’artisanat individuel. Aujourd’hui, les quelques blocs HLM en ruines sont cernés par bidonvilles, la population misérable et analphabète, isolée par la langue et continuant à s’accroître à la manière des peuples du tiers monde.

sany0024-175029.JPG sany0026-175030.JPG sany0027-175030.JPG
Quelques photos prises discrètement du camping-car…

Nous publions avec hésitation les photos des villages rom car nous nous sommes sentis très mal à l’aise en les prenant, même si je les ai faites rapidement, sans cadrer et sans montrer que nous photographiions. Traverser ces villages a été une expérience très choquante pour tous et nous avions le coeur serré de voir dans quelle situation étaient tous ces gens, et notamment ces nombreux enfants.
Le choc a été plus important qu’en Russie car nous y avions vu des personnes âgées en détresse mais pas des enfants, et pas en aussi grand nombre.

Evidemment, la sédentarisation forcée a renforcé cet état de misère. Un ami croisé lors de mon dernier passage à Saumur m’a fait une remarque frappante à propos de notre voyage, remarque que je rumine depuis. Evoquant le paradis perdu et le péché originel de la bible, il l’a associé à la sédentarisation de l’homme. Je dois dire que la situation dramatique dans laquelle vivent les roms de Slovaquie apporte de l’eau à sa théorie.

Notre destination est Bardejov, ville du Nord de la Slovaquie où nous espérons pouvoir visiter quelques églises en bois, fierté du peuple ruthène, communauté parlant une langue très proche de l’ukrainien et écrivant en cyrillique mais de religion catholique uniate, sorte de pont entre l’église catholique (ils reconnaissent l’autorité du pape) et l’orthodoxe pour l’esthétique, le mariage des prêtres et le baptême par immersion.

sany0034-175031.JPG

La région ruthène

Le 4 décembre 2007 par Stéphanie

Ce matin pendant que les enfants travaillent, Philippe et moi partons nous promener dans les rues de Bardejov. C’est une habitude que nous avons prise avec plaisir ! Nous sommes garés à 2 pas de la place principale, qui, à l’image de beaucoup de places slovaques est très large, bordée de beaux bâtiments et dont le centre accueille une église et un hôtel de ville, ici reconverti en musée.
Bardejov est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco et nous apprécions particulièrement la balade par ce petit matin frais et ensoleillé, charmés par ses maisons bourgeoises aux façades Renaissance. Il y a peu de magasins ayant une vitrine sur la rue ; il faut entrer dans les passages des immeubles (de 2 ou 3 étages), dont les rez-de-chaussée sont transformés en boutiques. Parfois le magasin est carrément dans une maison particulière, sans aucune vitrine.

sany0001-172410.JPG
L’église de Bardejov

Nous retrouvons les enfants et mangeons des sandwiches dans un café WIFi où passe une radio française. Nous y restons plusieurs heures car c’est maintenant notre principal moyen d’aller sur Internet, les connexions “à la volée” dans la rue étant difficiles. Et avantage du café : on peut y brancher les ordis…

Si nous sommes montés dans cette région, c’est pour voir les églises en bois construites au XVIIIème siècle par les Ruthènes, minorité ethnique qui compte aujourd’hui 27000 personnes. 700 000 vivent en Ukraine où ils ne sont pas reconnus en tant que minorité ruthène, bien qu’ils aient bénéficié entre 1919 et 1938 d’une région autonome. Etant de religion catholique de rite uniate (présentant des similitudes avec le rite orthodoxe), ils ont dû respecter les lois des Habsbourg qui obligeaient les cultes non catholiques à bâtir en un an des églises sans pierre, sans clou et avec une porte latérale. Les églises ruthènes sont donc des petites merveilles en bois du sol au plafond qui rappellent un peu les églises “en bois debout” norvégiennes.

sany0014-172411.JPG sany0041-172411.JPG sany0049-172412.JPG sany0065-172412.JPG
Quelques photos des deux églises que nous avons vues

Les villages ruthènes ont une atmosphère différente des villages slovaques, plus rurale, plus paisible ? La vie semble s’y dérouler sur un autre rythme et on y retrouve des maisons de bois. Tout y est extrèmement propre et ordonné. Nous croisons beaucoup de personnes âgées, ceci expliquant peut-être cela !!

Nous nous arrêtons à Kosice, plus bas vers le sud, pour la nuit et errons à travers la ville avant de trouver une place. De nuit il est plus difficile de se garer et ici, la nuit tombe vers 16 H 30.

Kosice

Le 5 décembre 2007 par Stéphanie

Ce matin, re-belote…Nous partons en amoureux nous promener et prendre un petit café. Kosice est la 2ème ville de Slovaquie et contrairement à Bratislava dont le centre est tout petit, elle bénéficie d’une vaste place aux maisons Renaissance baroque et d’une superbe basilique aux tuiles vernissées verte, rouge et noire.
Un marché de Noël y est installé où nous déjeunons de brochettes, accoudés aux tonneaux et tables disposés un peu partout. L’ambiance est bonne enfant et tout le monde boit son verre de vin chaud. Nous croisons une mamie portant une jupe brodée sur plusieurs jupons arrivant aux genoux et de grosses bottes noires. Toutes les mamies portent d’ailleurs ces bottes caractéristiques.
Balade avec les enfants dans cette superbe ville très bien entretenue où les poubelles sont dissimulées dans des urnes en fer forgé, idée qui pourrait être reprise avec profit par les municipalités de Saumur et de Montreuil-Bellay…
Nous partons dans l’après-midi pour la région de Roznava où Philippe a repéré une grotte visitable en hiver. La visite se fera sans moi, j’ai déjà subi la grotte de Bétharam plusieurs fois, merci).

La Slovaquie nous laissera un excellent souvenir, c’est un de nos pays préférés ! Vraie aubaine pour qui aime la nature et souhaite randonner ou skier. C’est un pays particulièrement attirant et varié qui nous a envoûté, en dépit des restes de la domination soviétique, trop visibles dans les quartiers périphériques des villes et bien sûr de la catastrophique condition de vie des Roms, qui j’espère s’améliorera rapidement.

Encore un pays où il nous faudra revenir…

Dernier jour en Slovaquie

Le 7 décembre 2007 par Philippe

imgp3037-93411.JPGimgp3039-93413.JPGA partir de Kosice, nous repartons vers l’ouest en direction du plateau du Karst Slovaque, plateau à cheval sur la Slovaquie et sur la Hongrie toute proche. A Rosnava, j’ai repéré une association qui propose de visiter une des fameuses grottes du plateau et prêtent l’équipement complet de spéléologue. Les enfants sont ravis et nous partons tous les quatre à la découverte de la Slovaquie souterraine.

imgp3038-93412.JPGLe parcours est assez sportif et nous comprenons vite l’intérêt des tenues car certains passages sont assez étroit. Il faut ramper, se hisser puis suivre un long pont de singe (composé simplement de deux filins en acier) et emprunter de grandes échelles qui longent le torrent. Nous n’avons pas de photo de l’endroit car nous étions trop boueux pour sortir l’appareil sans risquer de le bousiller. La balade valait le détour car nous finissons par aboutir à une sale magnifique où s’est formé une énorme colonne de plus de vingt mètres de haut.

Nous retrouvons Stéphanie après deux heures d’efforts et reprenons la route en direction de la Hongrie.

La Slovaquie nous aura laissé à tous un souvenir enchanteur et j’espère que notre enthousiasme s’est lu dans ces quelques lignes. Les paysages sont magnifiques, les slovaques ont bien raison d’être fiers de leurs Tatras. Ce sont des gens particulièrement accueillants et malgré la barrière de la langue, car l’anglais et même l’allemand sont peu répandus, nous avons toujours eu plaisir à communiquer. Mention spéciale au monsieur que nous avons pris en stop à Banka Stiavnica et qui, probablement enthousiasmé par notre voyage, (je dis probablement car nous ne sommes pas du tout sur de nous être compris) s’est lancé dans un incroyable monologue ponctué de clins d’œil et en quelques minutes nous a redonné la pêche dans une journée qui avait été plutôt morne.

Bien sûr, nous gardons en mémoire les premiers villages roms et leur abominable misère. Nous les retrouverons sans doute au cours de notre périple. J’en profite pour glisser la maxime qu’une étudiante de Kosice nous a donné et que je laisserai traduire aux courageux sur le forum : « Kto chce zmenit’svet, musi najprv zmenit’sam seba.