Ce matin, nous n’avons plus d’eau du tout, donc en trouver est notre priorité, avant de nous diriger vers la frontière finlandaise. A la station-service, petite discussion avec un Espagnol qui voyage seul dans son cc avec son chien, et qui ne rentrera chez lui qu’en décembre !

Nous faisons une visite très interessante d’un centre culturel sami, où nous voyons un film poétique sur les traditions sames et nous baladons à travers un campement.

Passage de la frontière sur le pont sur la rivière Tana et nous roulons sur une route longue, longue, quasi déserte, bordée de bouleaux et très rapidement des méandres des cours d’eau. Le sol est couvert de champignons. Pas de villages, juste quelques maisons à de rares endroits. Des rennes traversent la route, souvent juste devant le véhicule.
Nuit au-dessus de Ivalo.

Une province finlandaise en pays Same, notez l’emblème…

La Laponie finlandaise

Pendant le jogging de Philippe, les enfants font leur séance d’Anglais. Départ ensuite pour quelques kilomètres de route jusqu’au Parc National d’Uhro Kekkonen où nous avons l’intention de faire une balade.
Nous croisons des rennes très souvent, qui sont, soit sur le bas-côté prêts à traverser juste devant le cc, soit au beau milieu de la route, et pas du tout disposés à se ranger. Il faut être constamment vigilant au volant. On remarque d’ailleurs que ces rennes-là sont plus grands et costauds que ceux du Finnmark norvégien. Certains ont des bois démesurés et pour tout dire ils sont impressionnants quand ils s’approchent de vous !

Nous commençons notre balade sous un ciel bas. Les sentiers sont extrèmement bien balisés ; on a même droit à des escaliers de bois ou des planches pour passer les endroits mouillés. Il est de toute façon demandé de respecter ces sentiers, étant donné la fragilité du biotope.

Nous montons à travers les bouleaux et les pins au sommet du tunturi, colline aux flancs boisés et au sommet complètement pelé, typique de cette région de la Laponie finlandaise. La pluie s’abat sur nous par intermittence au début puis de plus en plus fort. Bof, on s’est habitué à cette météo capricieuse..On râle un peu pour la forme mais ça n’attaque pas notre moral qui est au beau fixe depuis quelques semaines.

Nous abrégeons notre balade (on n’est pas masochiste quand même !) et prenons un chemin de retour qui traverse un village de chalets à louer en rondins, désert en cette saison : les Finlandais, pas fous, viennent randonner ici à partir de septembre, laissant les terribles moustiques et moucherons d’août aux touristes ! Fin octobre la neige est là et Savonkylla ouvre ses pistes de ski de fond et de raquette. Ca donne envie de revenir en hiver car le coin est splendide.

Nous sommes trempés mais nous tombons nez à nez avec quatre ou cinq rennes dont un qui porte une ramure énorme et qui se laisse presque approcher par JB.

Nous dormons sur une drôle de route d’une centaine de mètres à l’écart de la route principale, qui plonge dans un lac.

Aujourd’ui , nous sommes allés à une mine d’Améthyste. D’après Papa , ça devait se trouver sur une coline , donc nous devions faire 2 km pour monter ( j’en avais plein les pattes , moi ) mais ça en valait le coup… On est arrivés près d’un bar et on a pris quelques boissons en attendant que la visite commence pour nous. Surprise , la personne qui devait nous faire la visite a dit qu’il était français. Et oui , il le parlait super bien. Il nous a expliqué qu’est ce que c’était et plein de choses que je ne pourrais jamais écrire (dont des choses que je n’ai pas trop bien comprises). Après , ou plutôt à la fin , il nous a dit que l’on devrait creuser un trou pour chercher l’améthyste. Et j’en ai trouvé un beau morceau….. Voici les photos :

Le mien c’est le gros

Petit rajout:

Comme le dit Alice, la visite de cette mine à ciel ouvert valait vraiment le coup, surtout grâce aux explications du guide qui a su rendre la géologie passionnante. Allez faire un tour sur le site
www.amethystmine.fi pour en savoir davantage.

Nous poursuivons notre retour vers le Sud et passons rapidement le cercle polaire dans l’autre sens. Dans les derniers contreforts du pays Sami, nous avons repéré un parc national avec une randonnée au nom évocateur: le chemin de l’Ours. La foret, toujours aussi dense, cache dans ses replis un canyon qui serpente en lisière de la frontière russe.

Le chemin semble assez peu emprunté par les Ours de la région, aucune trace de griffes, aucun cadavre de bête, au contraire, nous découvrons un sentier très équipé avec escaliers, planches enjambeant les marécages et quelques ponts suspendus qui font la joie des enfants, moi inclus. L’ensemble permet de progresser dans une région très sauvage et accidenté, certains passages sont assez sportifs.

Dans la cour d’un moulin à eau tranformé en refuge, nous croisons un groupe d’une dizaine de chasseurs-pécheurs-hommes des bois en kaki, la bierre à la main, évocation étonnament réaliste de Délivrance, le chef d’oeuvre de Boorman.

Après le passage d’un pont au dessus d’un étang enchanteur, nous fêtons l’évenement en nous barbouillant de créme anti-moustique ( un grand MERCI à notre apothec préféré pour ses délicates attentions; Pierre sache que s’il nous reste encore du sang dans les veines en quittant ce pays, ce sera grâce à toi).

Le retour au camp de base se fait d’un pied léger, nous sommes tous de même ravis de rentrer, certains fatigués des 12 km, les autres pressés d’en découdre à Battle for Wesnost.

Cet après-midi, nous roulons vers Hossa, toute proche de la frontière russe où se trouve un des plus grands sites de randonnées de la région. Quelques km à travers la forêt sur un petit chemin pour arriver au bord d’un lac : abri à bois, ponton pour les barques que l’on peut louer, foyer avec des piques à brochettes et des départs de rando. Nous partons vers 17 heures sous un petit crachin mais le ciel s’éclaircit et c’est sous un beau soleil que nous marchons nos 12 km autour de plusieurs lacs tous plus beaux les uns que les autres. La rando est moins spectaculaire que celle de l’avant-veille mais tout aussi magique.

Cependant, je dois à la vérité historique qu’il y a une sérieuse divergence de points de vue dans le camping-car concernant le mot “randonnée”.

Pour Philippe et les enfants, randonner signifie avaler le maximum de km en un minimum de temps.
Pour moi, randonner signifie marcher à travers de beaux paysages et avoir une chance d’apercevoir des animaux.

Le sentier sur lequel nous marchons, quoique parfaitement balisé, est traversé par de grosses racines et autres troncs d’arbres. Si on le parcourt à une vitesse soutenue, on doit garder les yeux vissés par terre sous peine de s’étaler sur le sol de manière fort peu gracieuse.
Inutile de dire que les seuls animaux aperçus sont les moustiques, espèce cependant tout à fait représentative de la faune finlandaise au mois d’août…

Marcher aussi vite a cependant des avantages :
1- Les moustiques ne peuvent pas nous piquer, on va trop vite,
2- Les enfants seront fin prêts pour rentrer à la Légion,
3- Dernier argument mais finalement le plus important, je vais me forger des jambes d’athlète et je n’aurai plus besoin d’aller suer sang et eau sur les steps en rentrant de ce voyage !

Réveil près du lac après une nuit très calme. Il fait beau et le pêcheur d’hier est à nouveau au rendez-vous. Jogging habituel, Anglais, nous traînons dans cet endroit idyllique…
Nous décidons de faire griller des saucisses sur le feu et prenons le bois dans un abri où il est mis à disposition des randonneurs ou des pêcheurs. Tanguy manie la hache pour remplacer le bois utilisé ; Philippe et Alice se baignent du ponton car l’eau est plutôt chaude…mais il y a un petit vent frais qui me dissuade de me jeter à l’eau.

On prend la route dans l’après-midi pour quelques kilomètres vers Kuhmo et Nurmès. Nous dormons sur le parking d’un musée de commémoration des soldats russes et finnois morts lors de la 2ème Guerre Mondiale. Un curieux champ de pierres blanches évoquent la mort de tous ces hommes.

Nous avons choisi de descendre la Finlande en passant par l’est du pays à travers la Carélie, près de la frontière russe.

Cette région de forêts profondes, au peuplement très ancien, s’étendait largement dans l’actuelle Russie jusqu’à la fin de la 2ème Guerre Mondiale : la Finlande ayant dû céder une partie de son territoire à l’URSS, 400 000 Caréliens russes ont quitté leur foyer pour se réfugier du côté finlandais.

La Carélie a toujours développé un fort sentiment d’identité à travers la religion orthodoxe (contrairement au reste du pays de religion luthérienne), l’ architecture de ses villages où de grandes maisons abritaient plusieurs générations sous l’autorité d’un aïeul, des fêtes et des ballades ou même des spécialités culinaires.

Au XIXème siècle, le compositeur Sibelius et le peintre Gallen-Kallela puiseront dans la mythologie carélienne leur inspiration pour développer un sentiment d’identité national face à leurs puissants voisins russes et suédois.

Lever tardif après une nuit très calme. Philippe et moi flânons au marché, un des plus coloré et animé de la région. Nous y achetons des fruits, dont les baies jaunes polaires (on n’aime pas tellement) et des chanterelles (miam et re-miam).
Un détour par une pharmacie où on doit prendre un ticket pour se faire servir des de petits box, comme à la Sécu et nous retrouvons les enfants.
On quitte Kuopio et avançons vers le sud.

Comme nous dormons sur le vaste et désert parking d’un parc d’attractions fermé, je fais “conduire” Alice sur mes genoux. Et on en profite également pour donner à JB sa 1ère leçon de conduite, ou plutôt de démarrage ! La suite la prochaine fois que nous serons dans des conditions semblables…

Je trouve la route bien longue jusqu’à Helsinki car nous avons quitté la magnifique région de Carélie et le paysage est totalement différent : on retrouve la civilisation, la circulation plus dense même si on est loin des autoroutes parisiennes.
Arrivés à Helsinki, nous appliquons la méthode de stationnement spéciale capitales inventée par Philippe : droit vers le quartier des ambassades.

Effectivement, le quartier est calme et juste au-dessus du parc Kaivopusto, un grand parc très fréquenté le week end où les promeneurs jouent au très chic croquet ou font des séances de dressage de leur toutou (très drôle à regarder…)

Nous nous garons à une cinquantaine de mètres de l’Ambassade de France, qui fait face à l’Ambassade des USA, d’où un planton visiblement interloqué par notre cc sort pour mieux nous observer. Une demi-heure à peine après s’être garés, nous voyons arriver à notre hauteur des policiers finlandais qui nous annoncent qu’on doit payer le stationnement. Philippe leur demande si on peut rester là pour la nuit et obtient une réponse positive. Nos policiers vont ensuite se garer…devant l’Ambassade américaine et y rendent rapport ! Le planton avait dû les appeler pour voir quel était ce camping car français qui rôdait dans le quartier ! Comme il n’y a pas d’horodateur dans la rue, Philippe rejoint les policiers pour leur demander où payer notre stationnement. Eclat de rire des Finlandais qui n’avaient visiblement abordé le sujet du paiement que pour “tâter” le terrain et vérifier si nous étions de redoutables terroristes ou simplement des Français en vacances. Ils nous assurent encore une fois qu’on peut dormir dans la rue et Philippe a même l’impression qu’ils nous y encouragent tellement ils insistent sur le fait que nous ne les dérangeons pas…auraient-ils trouvé eux aussi que le garde US est un peu parano???

Ce matin, nous changeons le cc de place, ne voulant pas abuser de la bonté des policiers finlandais ! De plus la connexion n’est pas très bonne et nous avons plusieurs formalités à régler (Cned, envoi des cours, parking en Russie…).
Nous passons la journée en balade à travers le centre-ville et apprenons que ce week-end Helsinki est en fête : une sorte de fête de la musique.
Nous tombons sur une vaste et formidable librairie où nous trouvons des livres de poche en Français eu un Narnia en Anglais pour Tanguy. Il va falloir que nous ajoutions des étagères supplémentaires pour mettre tous les livres (94 plus la vingtaine de guides de voyage).

Nous sommes admiratifs en voyant le badge d’un des vendeurs affirmer qu’il parle …7 langues !

Une mamie retient notre attention : elle commence un petit spectacle dans la rue avec son chien et ses chats : le caniche fait des acrobaties tout ce qu’il y a de plus bateau mais ce sont ses chats qui nous épatent . Ils sont parfaitement dressés et sautent, grimpent au poteau et plongent sur un coussin pour la plus grande joie des enfants et des adultes. Voir photo de Philippe embauché par Mamie.

Après un dîner rapide, nous ressortons profiter de la fête : jazz, musique classique, musique ethnique, techno, il y en a pour tous les goûts. Il y a aussi les inévitables buveurs du week-end, bouteille à la main et ayant fait le plein de boissons plus ou moins fortes. Tous finiront dans un état de “saoûlerie” avancée et parfois impressionnante. Mais toujours bon enfant, sans agressivité aucune, même si les rues regorgent littéralement d’ivrognes !!

Un homonyme…

Le chat va sauter dans le panier !

Nous finissons au calme dans un bar cosy avant de nous coucher près du port, prévoyant que notre nuit ne sera pas des plus silencieuses !