Les istanbuliotes

Le jour du 18 janvier 2008 par Philippe

Il y a bien sûr les marchands de tapis ; de vaisselle ; de bijou ; de montres anciennes et de montres nouvelles voire très nouvelles; de narguilés ; de fringues de « marques »; de pompes ; de livres d’occasion ; de kilims ; de pachmina ; de poufs ; de verres à thé ; d’instruments de musique ; de tissus bariolés ; de pièces d’échecs ; de soie, de laine, de coton. Et puis les vendeurs de parfums aux noms évocateurs : Enzo, Jean Claude Gaultier, Loréale, à peine plus cher que l’eau minérale. Et les vendeurs de bricoles qui font du bruit, qui bougent, qui sautillent ou qui tournent ou les deux ; ou les trois ou quatre finalement, que l’on regarde juste du coin de l’oeil. Et puis des vendeurs de presse orange, de balais brosses, de spots (il y a une rue entière dévolue à la spécialité), d’éponges, de clous, pour les vis, allez voir en face, de rasoirs à l’unité, de mouchoirs en papiers ; Bien sûr, il y a aussi les marchands d’épices, de loukoums, hmmm, de turkishes delight, de fruits, de jus de grenades, de marrons, de pain simit délicieux mais aussi des vendeurs de graines à pigeon assis derrière des stands minuscules et cernés par des milliers de volatiles attendant le chaland pour consommer.
Et puis des vendeurs d’animaux allant du chiot au regard larmoyant (non Alice, pas dans le Camping Car !) au bocal de sangsue. Et partout des cireurs de chaussures qui traquent la chaussure maculée, d’autres qui proposent de vous peser, des bookmakers agglutinés à un arbre majesteux puis un type seul, muni d’un groupe électrogène et d’une photocopieuse, vous fait des copies minutes en pleine rue. Sans compter tous les rabatteurs de restaurants qui vous dévisagent du bout de la rue pour tenter de repérer le promeneur affamé, ou, plus subtils, les vacation friends, sorte d’agent commercial indépendant qui extrêmement sympathique sauront vous guider vers le « meilleur »marchand ci-dessus.
Et soudain, un groupe d’une vingtaine de porteurs de tissus qui ahanent dans un raidillon, puis plus haut, seul dans son effort, un vieux chiffonnier tirant derrière lui un amoncellement invraisemblable de cartons usagés tenant par miracle sur une charrette minuscule. On souffle quelques instant dans une rue vide avant de replonger dans le brouhaha incessant que toute cette multitude hétéroclite produit tout au long du jour. Hétéroclite pas tant que ça en fait, car tous ont le sourire et l’œil qui frise, bonjour bonjour, français, petit petit, bon appétit, tous se connaissent et se marrent de bon cœur de se trouver là et tous, qu’ils aient quelque chose à vendre ou pas sont ravis de vous interpeller, de vous guider ou simplement de tailler le bout de gras sur le coup de boule de Zidane, sur Carla Bruni ou simplement sur Paris.
Et tout d’un coup, couvrant tout le reste, l’appel à la prière du muezzin.

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